Pour gagner le Québec
Vous semblez vouloir gagner le Québec. Chacun fait son hypothèse sur la meilleure façon de le faire : se montrer plus ouvert aux revendications du Québec, jouer sur nos racines québécoises, se montrer près des valeurs québécoises... Rien de tout cela ne fonctionne, ni ne fonctionnera. Une seule solution existe pour gagner le Québec : élire un chef Québécois francophone. En temps d'élections fédérales, les valeurs québécoises s'effacent (malheureusement) derrière l'origine des chefs.
En 1997, le Parti progressiste-conservateur a recueilli, avec Jan Charest à sa tête, plus de 22 % des votes. Trois ans plus tard, sous Joe Clark, ses scores ne furent plus que de 5,6 %. Le Québec fut conservateur sous Mulroney, même plus que l'Alberta*, puis redevint libéral quand John Napier Turner fut remplacé par Chrétien. La dernière victoire d'un membre du ROC au Québec fut celle de Lester B. Pearson, en 1965.
(Rendons à César ce qui lui revient : le Reform Party recueillit également 12 % en Alberta.)
La question se pose (et se répond rapidement, d'ailleurs) : passé ce complexe minoritaire qui nous pousse à voter pour semblable à nous, Mulroney représentait-il vraiment mieux le Québec que Turner, ou Broadbent ? Le NPD, qui n'a jamais eu de chef québécois, est-il si déconnecté de toute réalité québécoise pour ne gagner qu'un seul siège en presque cinquante ans d'histoire ? En quoi le parti conservateur était-il si meilleur sous Charest que sous Campbell ou Clark ?
Tant que nous ne nous serons pas débarassés de cette habitude de voter, hum, je hais le mot, de voter de façon "ethnique", le Québec ne pourra espérer prendre sa pleine place dans un Canada qui lui ressemble et lui plaît.